Atlantico : Une séance de Booty Therapy s’est invitée au meeting des Écologistes consacré au lancement de la campagne des européennes. Marine Tondelier, Yannick Jadot et plusieurs cadres des écologistes se sont joyeusement trémoussés sur scène. Comment qualifier ce moment ?
Georges Fenech : Je n’ai pas tellement été étonné. Les écologistes sont quand même assez coutumiers de ce genre de facétie politique. Il y a quelques années, les écologistes avaient été à l’initiative, à l’Assemblée nationale, de la création d’un groupe de parlementaires pratiquant la méditation pleine conscience. Ils avaient fait venir des sommités de la méditation pleine conscience. Ils se réunissaient pour méditer ensemble, selon les préceptes des grands théoriciens de la méditation pleine conscience. Ils avaient même demandé à cette époque-là que ces réunions puissent être financées sur le budget formation de l’Assemblée nationale. Ce qui leur a, heureusement, été refusé.
Le fait de danser et de montrer ses formes sur scène, ça peut prêter à sourire. Ce n’est pas pénalement condamnable bien entendu mais ça reste tout de même d’une inventivité douteuse. Surtout quand on la qualifie de thérapie.
Ce moment de danse collective a beaucoup fait rire les internautes. Mais ce n’est pas que drôle. Sur X, Marine Tondelier s’est défendue et s’en est pris « aux rageux » qui n’ont rien compris. Ce serait une sorte de pratique de développement personnel qu’on devrait considérer comme politique. Quelle est la pertinence de ce genre de performance dans un meeting politique ?
Aucune. Ce n’est pas cela la politique. C’est une forme de dérive politique et quelque part une forme d’isolement. Il y a une forme de rupture avec les règles conventionnelles. Dans une société, on ne fait pas de la politique de cette manière. Cela me rappelle le parti de la loi naturelle. Il s’était présenté aux élections législatives dans les années 90. Il prônait la lutte contre le chômage en pratiquant des séances de yoga. On les voyait sauter sur scène pour lutter contre le chômage.
Cette thérapie collective, c’est le faux-nez qui masque les dérives d’une secte ?
En tant qu’ancien Président de la Miviludes (la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), je peux vous dire que ces thérapies de développement personnel sont le point d’entrée de beaucoup de dérives sectaires. Le développement personnel n’est pas condamnable en soi, mais c’est un point d’entrée vers une forme de communauté qui s’isole avec des méthodes thérapeutiques qui n’ont jamais prouvées scientifiquement leurs sciences de guérison. Thérapie, ça veut dire guérison, qu’on soigne. On ne soigne pas la politique. Un meeting, ce n’est pas non plus le lieu où se soigner individuellement ou collectivement. C’est un lieu où on échange et partage des idées. C’est un lieu où on dialogue avec des discours et pas avec des danses supposées être thérapeutiques.
Chez les écologistes, les plus radicaux tiennent des discours qui me font penser à une forme d’emprise. Quand on prône l’apocalypse et la fin du monde, c’est très anxiogène. Ce sont des discours que j’ai connus dans des groupements à caractère sectaire. Quand on dit que le monde extérieur est le monde de Satan, qu’il va falloir adopter d’autres règles de vie et suivre avec obéissance une nouvelle forme de vie en société ; c’est quelque part vouloir rompre avec la société.